12 mai 2010

Claire & Ahu et ça continue encore et encore

Épisode 4 - La non vie professionnelle

Qui aurait cru, qui l'aurait cru? Que rechercher du travail demande plus d'efforts que travailler en soi. Cibler: un secteur, une carrière, un pays, un titre, un poste, un uniforme. Plan de travail, CV, lettre de motivation, de mots clés, organisation. Autonome, motivée, énergétique, polyvalente, créative, communicative, quoi d'autres, en solde, prenez-moi!!! Enchainer les entretiens pour ne pas avoir de suite, faire du publi posting sans jamais recevoir de réponses. Se décrire sans jamais parler de soi-même. Se vendre sans jamais savoir sa vraie valeur. S'imaginer sachant très bien que c'est une perte de temps. "La société pardonne au criminel mais jamais au rêveur".

Épisode 5 - La confusion

Claire: Franchement, ça me manque l'Inde. Les choses passées me manquent. A-t-on fait le bon choix?
Ahu: Il fallait faire un choix, arrête de te poser trop de questions. On est ici, maintenant, il faut se concentrer là dessus, sur le présent.
Claire: C'est nul, on fait rien, on n'a pas de boulot, OK toi tu traduis en ligne, je travaille comme caissière mais c'est pas une vie, combien de temps encore?
Ahu: Qu'est-ce que j'en sais moi? Combien de temps? Bon, on se donne encore jusqu'à Juillet, histoire de voir l'entretien à Istanbul, puis on verra en fonction. Ça te va?
Claire: Mouais, c'est ce que tu dis toujours, on verra...

Épisode 6 - La neutra-nostalgie

C'est un fleuve tranquille, certes mais la tranquillité est la plus dérangeante là dedans.
Personne ne vilipende notre style de vie, certes mais le silence extérieur est le plus inquiétant.
J'écoute Mevlana, je me répète ce qu'il dit: "Chaque jour qui se ressemble est une perte". Bien, mes jours se ressemblent à quelques heures près, le levée tard, le couchée tôt. La créativité entre deux, la boulimie entre autre, les larmes intérieures, les tentatives d'y échapper. Les souvenirs. Souvenir, souvenir, mais le rythme n'est pas joyeux, il n'y a pas de rythme d'ailleurs, si on ne considère pas David Guetta en fond Sexy Bitch?? pas prometteur. J'écris ces lignes sans savoir qui je suis, Claire ou Ahu, j'emprunte un nouveau style, m'en fiche si ça donne bien ou non, car je ne suis plus en contrôle, je vole. Je vole à Berlin, mais j'aimerais voler en Inde. J'aimerais revenir en arrière et sourire au moustachu insistant, lui dire je me casse, je m'en fous, donner à l'enfant de rue, lui dire peu importe que tu sois dans un réseau à la con, j'ai envie. J'aimerais y atterrir et attendre des heures sous le stress que le chauffeur vienne me pick up. C'est pas mieux avec I know you want me...La musique ne colle définitivement pas au décor, mais Müslüm n'est pas connu internationalement, c'est notre chanteur dit "rasoir" en Turquie, celui qu'on écoute pour se couper les veines. The Knife c'est décidément mieux. Bon je me ressaisis, entre amitié trompeuse et trompée, entre le désir de fuir. Ma vie est une gabegie, je mens, je me mens, je reste timoré face à l'avenir. Je tente, j'abandonne, je reviens, je suis soulée. L'Inde me manque.

Épisode 7 - ahuYA

Voilà bien une chose qui m'accroche à la vie, qui m'accroche à mon enveloppe. Le commencement d'une nouvelle épreuve, le lancement de ma marque. Rien n'est nouveau, elle existe depuis bien longtemps, au temps où je cousais pour mes Barbies, lorsque ma mère s'inquiétait que je veuille devenir styliste ou couturière. Ne t'inquiète pas maman, je n'ai pas le talent que tu as. Je ne deviendrais ni architecte, ni styliste, rien que tu ne veuilles et Dieu semble être de ton côté. Aujourd'hui d'autres, des gens dont je ne partage pas le sang, des gens que je connais à peine semblent m'encourager, ils me disent vas-y, tu as du talent. C'est triste. J'aurais voulu que toi tu crois en moi, peut-être n'aurais-je pas eu besoin de toutes ces années pour m'accomplir?
Bien, rien d'important comparé...toujours comparé..rien de bien avancé..juste un site Internet, et puis quelques clientes fidèles, et moi qui veux, qui rêve. On verra...encore du "on verra", quelle phrase magnifique.

Épisode 8 - La réalité

4h du matin - C'est l'heure qui correspond à l'abandon, l'abandon des yeux qui ne souhaitent plus lutter contre les images, l'abandon du cerveau qui n'est plus en matière de créer. L'abandon des doigts qui ne sont plus en matière de pianoter. C'est l'heure du coucher pour commencer le même jour.

12h - C'est l'heure de la répète, à nouveau la torture. Et ça continue...On commence avec les gestes habituels, lavage du visage, pose de la crème anti-boutons, un coup de fond de teint pour se rassurer. On continue méthodiquement avec un café et une cigarette, c'est bien de commencer sans manger, même si ça viendra après. Et pourtant? Pourtant je suis plus forte, je peux, je veux, je ne suis pas ce que je vois, j'ai envie de faire preuve de Fordisme, de Stakhanovisme. Je ne fais que preuve de Yavuzisme. = Engrenage négatif mutuel intérieur.

18h - Début du réveil, du cerveau et des membres. Envie de défoulement, envie de bouger, envie de créer. Le soleil se couche et les vampires ont le terrain libre. Me revoilà avec des idées, une énergie, me revoilà simplement. Et c'est parti jusqu'à 4h, la fin. Mais on ne distingue rien dans cette couleur.

Épisode 9 - La haine

Ça devait bien arriver, l'extériorisation de l'intérieur de Ahu Claire Yavuz passe par plusieurs étapes; le repli, le recul, la remise en question, et la haine. La haine de soi même, du présent, du passé, du futur qui se cache, des autres. Les autres. La haine est un sentiment redoutable, un sentiment à fuir, car lorsqu'il vous rattrape, il n'y a pas d'autres choix que d'y faire face. Et...merde..shit..of! Car c'était ça finalement le bonheur, le sentiment de ne pas être les autres. Bah, c'est foiré, car les autres dans mon immeuble sont des cas sociaux et j'ai l'impression d'être eux. Entre les pyromanes, les vendeuses de lapin épileptique et les gros qui meurent sans qu'on s'en aperçoivent, où donc puis-je me placer? Balkan Beat Box c'est quand même mieux. Une bouteille entière c'est quand même beaucoup.

Épisode 10 - Prière

Mon Dieu, je le sais, c'est interdit. Aide moi, pardonne moi. C'est comme n'avoir qu'un seul vœux à souhaiter, qu'est ce que je veux vraiment car je n'ose te demander plusieurs choses à la suite. En ai-je le droit? Pardonne, tend moi la main, protège, fais que, mets moi sur le bon chemin, bir elmanın yarısı...biri sensin biri ben...Que le futur soit mieux que le présent, voilà ça résume.

Épisode 11 - Rassurez vous

Objection téléphonique, je ne suis pas intéressé: Rassurez-vous, ce n'est qu'un RDV à titre informatif, à titre indicatif, à titre vindicatif, à titre perte de temps, à titre je vous mens bien comme il faut car je ne m'appelle pas Pascale Dubreuil, mais au cas où vous seriez raciste je ne puis vous avouer mon vrai nom et mes origines. Bien que le lecteur se rassure, tout va bien, car le fait d'avouer, le fait d'écrire, le fait de tout laisser taper sur le clavier ça aide. Ahu s'en sortira en Turquie, et Claire si elle veut en Irlande du Nord, mais tout ira bien.
Et la suite seul Dieu sait...Ce que je sais moi à l'heure actuelle, c'est qu'on verra. ..

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